Le cinéaste américain se solidarise avec les musulmans contre la haine

9:25 - January 17, 2017
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Il a fait les heures futuristes, teintées d’utopie, du petit écran au milieu des années 60, restant dans la mémoire collective comme l’inoubliable Hiraku Sulu de la série culte « Star Trek », George Takei, l’acteur et réalisateur américain d’origine japonaise, endosse un rôle de lanceur d’alertes qui lui va comme un gant, à l’orée de ses 80 printemps.
Le cinéaste américain se solidarise avec les musulmans contre la haine
Effrayé par les noirs desseins que nourrit le nouvel homme fort de Washington, Donald Trump, la perspective d’un registre fichant les musulmans américains lui est totalement insupportable, faisant ressurgir en lui le souvenir traumatisant de son enfance passée dans le camp d’internement de Rohwer, dans l’Arkansas, où il fut déporté en 1942 avec l’ensemble de sa famille, à l’âge de 4 ans.
Un sort effroyable qui fut le lot de près de 120 000 civils américains, dont le seul tort était d’avoir des racines nippones au pays où l’attaque surprise de Pearl Harbour, lancée, le 7 décembre 1941, par l’aéronavale japonaise contre la base navale américaine située à Hawaï, était et est toujours synonyme de « désastre national ».
Pour George Takei, l’heure est venue de se dresser pour dire « Plus jamais ça ! ». Ce grand témoin d’un sombre passé qu’il n’a jamais voulu enfouir ne se résoud pas à ce que l’histoire funeste se perpétue aux Etats-Unis, tel un cycle infernal de représailles, injustes et inhumaines.
Aussi a-t-il décidé de retracer publiquement son parcours personnel, jalonné d’humiliations et de souffrances, pour mieux éveiller les consciences et appeler avec force à ne pas reproduire contre les Américains de confession musulmane la stigmatisation, la diabolisation et la déportation qui, hier, lui furent infligées, à lui et aux siens.
Face à l’âpre réalité de ce bas monde, à des années lumières de l’univers de « Star Trek » et de l’altruisme qui animait ses héros, l’ex-Hiraku Sulu de la petite lucarne cathodique s’insurge contre les amalgames ravageurs qui échappent à l’érosion du temps, notamment contre celui qui assimile systématiquement les musulmans à des « terroristes en puissance ». Ce raccourci bassement politicien, établi par Trump en l’amplifiant, n’est pas sans lui rappeler celui qui faisait passer sa communauté pour « l’ennemi de l’intérieur, juste après Pearl Harbour ».
« Voilà, ce qui nous est arrivé, ce que nous avons enduré », s’est-il exclamé, submergé par l’émotion, devant les médias américains, en indiquant que sa propre histoire est le sujet central d’une comédie musicale intitulée « Allégeance » qui quittera bientôt la scène de Broadway pour être projetée sur grand écran.
Joignant le geste fort à la parole indignée, George Takei a lancé récemment une pétition en ligne, exhortant à faire bloc derrière les musulmans américains et à se liguer contre leur pire calomniateur que les urnes ont propulsé sans transition de sa tour dorée, la Trump Tower, aux allées du pouvoir, à Washington. « Il attise les peurs et commence avec un registre, et poursuivra demain avec des restrictions, dont je sais mieux que quiconque où elles peuvent mener. C’est la démocratie qui est en danger », a-t-il clamé haut et fort, en se félicitant d’avoir fédéré plus de 80 000 signataires en une poignée de jours.
« Nous ne voulons pas voir l’histoire se répéter aux Etats-Unis. Il faut que les Américains tirent les enseignements de ce chapitre honteux que fut l’internement des miens, de ma communauté dans les années 40, et se montrent plus que jamais solidaires envers nos concitoyens musulmans », martèle avec insistance celui que l'Amérique découvre aujourd'hui en victime, meurtrie à jamais, d’un épisode tragique de sa grande histoire nationale.
oumma

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