Pourquoi les Talibans ne sont pas reconnus dans la communauté internationale ?

10:27 - August 17, 2022
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Téhéran(IQNA)-Malgré les efforts du groupe taliban pour être reconnu de façon officielle, aucun gouvernement n'a encore reconnu ce groupe, alors qu'un an s'est écoulé depuis son arrivée au pouvoir. Le peuple afghan fait face à de gros problèmes économiques et à des restrictions sociales, et à des problèmes tels que l'éducation des femmes et les libertés.

Karim Pakzad, chercheur à la Fondation française pour les études internationales et stratégiques, et ancien professeur à la faculté de droit et de sciences politiques de Kaboul, dans un entretien avec l’Agence iranienne de presse coranique (Iqna), sur la situation en Afghanistan, un an après l'arrivée au pouvoir des talibans et sur l'avenir de ce pays, a déclaré : « Il est impossible pour l'Amérique et les pays occidentaux de reconnaître l'émirat islamique des talibans, qui n'a mis en œuvre aucun des articles du mémorandum de Doha. Le mécontentement de l'opinion publique, en particulier les discriminations et l'oppression faite aux femmes, est un important facteur de dissuasion dans cette affaire. L'arrivée des talibans à Kaboul le 15 août de l'année dernière, était inattendue et même contraire aux promesses du Conseil de Quetta, qui était la principale force des négociations de Doha avec les États-Unis. Ce fut une grande défaite pour les Etats-Unis et il n'y avait aucune nouvelle sur le transfert pacifique du pouvoir et la formation d'un gouvernement inclusif conformément à l'accord de Doha.

Au lieu de cela, le monde a assisté à l'arrivée, dans les rues de Kaboul, des forces du réseau Haqqani, des Pachtounes de l'est et du sud-est de l'Afghanistan, qui sont les centres de pouvoir du réseau terroriste Haqqani et d'Al-Qaïda.

Tous les pays de la région, la Chine, la Russie, l'Iran, le Pakistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et la Turquie seront les premiers touchés par les conséquences malheureuses de la guerre et de la montée de l'extrémisme et du terrorisme en Afghanistan. Ces pays savent que ce groupe peut empêcher la croissance du terrorisme (par exemple daesh), mais son interprétation particulière de la charia et sa coopération avec des groupes terroristes, restent des dangers potentiels. Dans aucun domaine, le terrorisme, la création d’un gouvernement inclusif, le respect des droits de l'homme et les traités internationaux, les talibans n'ont pris de mesures efficaces.

توافق‌نامه صلح طالبان در دوحه قطر

Dans cette situation, la reconnaissance de l'Émirat islamique d'Afghanistan, même s'il fait partie des pays de la région, reste un grand défi pour ce pays. À mon avis, aucun pays ne reconnaîtra ce gouvernement si les Talibans ne prennent pas des mesures qui assureront vraiment leur légitimité. Bien qu’ils se soient familiarisés avec les appareils modernes, l'Internet et les smartphones, dans le domaine des droits et des libertés des femmes, ils ont encore une vision médiévale traditionnelle.

Dans un pays où les gens sont principalement divisés en sunnites hanafites et chiites jafari, et où l'ancienne constitution reconnaissait les deux écoles et où Achoura était un jour férié, ils ont déclaré la religion sunnite hanafite comme la seule religion officielle du pays et ont retiré Achoura du calendrier officiel. À l'exception de l'emploi d'un ou deux Hazaras et Tadjiks à des postes gouvernementaux mineurs, les talibans ont délibérément refusé d'adhérer au principe d'égalité entre toutes les couches de la société. Ils considèrent pratiquement la volonté et la décision de leur chef comme « une loi » de la charia, et imposent un gouvernement ethnique pachtoune au nom de tout le peuple.

قدرت گرفتن طالبان در افغانستان

L'Afghanistan est au niveau économique zéro. Après la prise du pouvoir, qui s'est faite au prix de la fuite du président et des précédents chefs de gouvernement, tous les projets économiques fondamentaux ont été stoppés. À l'époque de l’occupation américaine, environ 80 % du budget national venait de l'aide étrangère. Cette dépendance était telle que les salaires des fonctionnaires et des soldats de l'armée étaient directement payés par les États-Unis. Avec le renversement du gouvernement d'Ashraf Ghani, toute aide étrangère a été coupée. Les États-Unis payaient les dépenses de l'armée afghane, qui s'élevaient à plus de 4 milliards de dollars par an, alors que le budget total du gouvernement taliban cette année, a été approuvé à 375 millions de dollars. Ce montant provient principalement des droits de douane et des impôts fonciers dans différentes régions du pays. Ce défi est si grand que le mollah Yaqub, ministre de la défense des talibans et fils du mollah Omar, l'ancien chef des talibans, a rendu visite il y a un mois à l'émir du Qatar, Tamim bin Ahmed Al-Thani, pour lui demander une aide financière pour payer les salaires des soldats talibans et leur fournir des uniformes.

ماهیت افراطی طالبان خطر بالقوه برای همسایگان افغانستان است

Malgré les déclarations officielles, les Talibans savent que leur pouvoir n'a aucune légitimité nationale. Essentiellement, les talibans, avaient gagné des partisans ces dernières années, dans la guerre contre les États-Unis et le gouvernement corrompu, parmi d'autres groupes ethniques, en particulier les Tadjiks et les Ouzbeks qui se sont maintenant détournées d'eux comme nous l'avons vu il y a deux mois, lorsque Maulvi Mahdi, le seul commandant des talibans hazaras et chiites, s'est rebellé contre ses anciens amis et a été réprimé par les talibans.

Aujourd'hui, on parle d'un ou deux autres mouvements armés contre les talibans. Le plus important d'entre eux est le « Mouvement de résistance nationale » dirigé par Ahmad Masoud, le fils d’Ahmad Shah Masoud, dans la province du Panjshir et ses régions voisines. Ahmad Massoud jouit de la popularité de son père auprès du peuple, notamment des Tadjiks, et les talibans ont peur de l'ampleur de ce mouvement.

Les rapports provenant du Panjshir et d'Andarab parlent d'affrontements et de meurtres de civils par les talibans. Cependant, la dispersion et les différences entre les forces d'opposition, même les différences intra-ethniques, d'une part, et la fatigue des gens après plus de 40 ans de guerre et d'effusion de sang, n'indiquent pas que ces mouvements remettront sérieusement en cause le pouvoir des talibans dans l'actuelle situation.

خشونت طالبان علیه زنان

Actuellement, un an après avoir pris le pouvoir, les talibans ne parviennent pas à gouverner et oscillent en permanence, entre réalisme et radicalisme islamique. La présence puissante du réseau Haqqani, d'une part, qui bénéficie du soutien des services de renseignement pakistanais, et d'autre part, avait et a toujours des relations étroites avec l'organisation Al-Qaïda, peut être un facteur favorable à la croissance des groupes islamistes à caractère terroriste, comme daesh, le Mouvement islamique d'Ouzbékistan et le Mouvement islamique du Turkestan oriental, composé de moudjahidines qui luttent contre la domination chinoise dans la province du Xinjiang et sont plus proches de daesh.

Un an après la prise du pouvoir par les talibans, nous ne savons toujours pas exactement ce que veulent les talibans et s'ils ont la capacité de devenir un gouvernement stable doté d'une légitimité interne et d'une reconnaissance internationale.

On ne sait pas quel effet les positions des dirigeants talibans, qui oscillent entre réalisme, tolérance et radicalisme religieux et ethnique, ont sur la composition et la pratique du gouvernement taliban.

Quels sont les effets à moyen terme du mécontentement de la majorité de la population, principalement les Tadjiks, les Hazaras, les Ouzbeks, les Turkmènes et d'autres groupes ethniques, face aux performances religieuses et ethniques des talibans ?

Les talibans peuvent-ils imposer la domination d'un groupe ethnique sur d'autres groupes ethniques, dans un pays où les équations politiques sont principalement basées sur les relations ethniques ?

Les Talibans ne reconnaissent pas la religion chiite jafari, qui a été reconnue comme religion officielle du pays aux côtés de la religion sunnite hanafite dans la Constitution de Jahurit, et ils ont retiré les cérémonies du mois de Muharram et d’Achoura du calendrier officiel du pays.

شهروندان افغانستانی در مرز ایران

Dans un pays où la situation politique, économique et sociale est telle que depuis un demi-siècle, aucun gouvernement véritablement indépendant n'a émergé et dont l’existence est toujours dépendante des évolutions géopolitiques de la région et du monde, nous devons attendre. Je ne pense pas que le monde, après les événements en Ukraine et à Taïwan, et la rivalité et les conflits croissants entre la Chine et les États-Unis, et les efforts américains pour empêcher la Chine de devenir la plus grande puissance économique, commerciale et militaire qui apportera le pouvoir politique, n’affectera pas le destin l'Afghanistan ».

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