Une ancienne mosquée grècque rouvre ses porte pour l'Aïd El-Fitr

11:33 - April 11, 2024
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IQNA-​Une centaine de musulmans ont célébré mercredi la fête de l'Aïd El-Fitr, la fin du Ramadan, dans une mosquée historique, ouverte pour la première fois comme lieu de culte depuis 102 ans à Thessalonique, deuxième ville grecque ne disposant pas de mosquée jusqu'ici.

"Je vis à Thessalonique depuis quatre ans et pour la première fois, j'ai l'opportunité de prier avec ma famille musulmane. Je ressens une grande joie et une grande fierté", a déclaré à l'AFP Adel Jobran, 20 ans, un réfugié du Yémen qui fréquente une école grecque à Thessalonique et travaille en même temps dans la restauration.

"Nous sommes chanceux qu'elle ouvre pour nous et nous ressentons une grande joie de participer à cette prière", a déclaré à l'AFP Ismaël Bedredin, 66 ans, fabricant de meubles à la retraite.

Appelé la mosquée Yeni (ou mosquée nouvelle), le monument historique a été construit en 1902 par l'architecte italien Vitaliano Poselli et fonctionnait comme musée depuis 1963 avant une restauration entamée par le ministère grec de la Culture et des Cultes ces dernières années.

"Nous sommes chanceux qu'elle ouvre pour nous et nous ressentons une grande joie de participer à cette prière", a déclaré Ismaël Bedredin, 66 ans, fabricant de meubles à la retraite.

- "Aucun lieu public pour prier" 

"Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avions pas de lieu public pour prier (à Thessalonique) et nous utilisions notre maison pour faire nos devoirs religieux", a renchéri Ali, un Turc de 23 ans qui étudie l'économie à l'Université Aristote de Thessalonique.

Une forte présence policière effectuait mercredi des contrôles auprès de ceux qui se présentaient dans la mosquée.

"Merci à ceux qui ont contribué à une telle initiative qui donne vie à de tels monuments culturels et montre qu'il n'y a pas de contradiction entre être musulman et être citoyen, a indiqué l'imam gréco-égyptien Taha Apdelgalil, qui a dirigé la prière.

Construite sur deux étages combinant la tradition musulmane avec des éléments appartenant au style architectural du siècle passé, la mosquée servait au début du XXe siècle comme lieu de culte pour les Juifs convertis à la religion musulmane, appelés "les Dönme".

Après l'accord greco-turc sur l'échange de populations en 1923, résultant du traité de Lausanne de la même année marquant la fin de l'Empire Ottoman, la mosquée hébergea pendant une courte période des réfugiés grecs venant de la Turquie.

L'accord de paix prévoyait que 1,6 million de Grecs vivant en Asie mineure, dans l'actuelle Turquie, devaient rejoindre la Grèce, et 385.000 musulmans de Grèce les territoires de la Turquie voisine.

En 1963, la mosquée fut transformée en musée archéologique, tandis que sur son parvis se trouve une riche collection de sculptures en marbre de l'époque romaine et du début du christianisme (sarcophages, pierres tombales, reliefs, colonnes honorifiques et funéraires, etc.) provenant de Thessalonique.

Puis plus récemment, la mosquée fut utilisée comme espace d'exposition de la galerie municipale de Thessalonique.

En 2013, à l'initiative de l'ancien maire de Thessalonique, Yiannis Boutaris, le bâtiment a été remis aux étudiants de l'école religieuse de Komotini, dans le nord de la Grèce, pour la prière de midi.

La population grecque est très majoritairement chrétienne orthodoxe, et la communauté musulmane ne disposait jusqu'à récemment d'aucun lieu de culte officiel hormis dans la région du nord-est de la Grèce qui abrite une population musulmane d'origine turque, exemptée de l'échange de population de 1923.

Ce n'est qu'en 2020, que la première mosquée a officiellement ouvert ses portes à Athènes, construite surtout pour les besoins des milliers des réfugiés et migrants musulmans arrivés au pays les dernières décennies.

AFP

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